Dans ce premier numéro, nous vous offrons à tous une interview exclusive avec le nouveau coach de United, Jesse, ainsi qu’un portrait de son capitaine et lieutenant, Ryan Giggs.

Jesse, comment allez-vous ? Vous n’avez pas trop la gueule de bois après le dernier match ?

La gueule de bois ? Non, pas encore, mais ça aurait pu, je l’avoue. C’était un match bizarre, très tendu. On pensait bien faire, bien tenir le match, mais deux coups du sort consécutifs ont eu raison de nous. C’est dommage, mais cela prouve que quelques fois, il faut avoir de la chance. Ce jour-là, elle n’était pas avec nous, mais le vent tournera, j’en suis sûr.


Bien, rentrons un peu plus en détail : quels sont vos projets pour l’équipe ? Quel résultat visez-vous ?

Pour les résultats, je ne vais pas m’exprimer. Il y a beaucoup de concurrence et tous les adversaires sont plus impressionnants les uns que les autres. Il est impossible de dire que nous visons le titre, ou quoi que ce soit. Et même si nous avions voulu le dire, nos deux premiers matchs doivent rester en mémoire pour nous ramener sur terre.


Et vos projets ?

Ah oui, les projets. Et bien, je dois avouer qu’en l’état actuel des choses, le groupe est plutôt bon et travaille bien. Ceci étant, quelques retouches doivent être apportées, car nous manquons de possibilités et certains de nos remplaçants ne sont pas tout à fait au niveau des titulaires. Il faudrait corriger cela, d’autant que j’ai encore quelques millions à disposition pour recruter. Nous serons donc encore actif sur le marché des transferts, même si l’ossature de l’équipe ne changera sans doute plus.


Vous avez décidé de recruter un jeune français, Mathieu Debuchy, qui vous a suivi toute la saison dernière en jouant tous les matchs : vous pensez qu’il est le joueur qu’il faut pour occuper le flanc droit de Manchester ?

Clairement, oui. Vous l’avez dit, il était à mes côtés la saison dernière pour la conquête du titre avec le LOSC et c’était l’un des hommes forts de mon effectif : solide derrière, précieux en phase offensive, ce n’est peut-être pas assez bling-bling pour certains, mais avec lui, je sais que le boulot sera fait, et bien fait. Il suffit de voir ce qu’il a fait ce week-end : sa passe pour la tête de Berbatov était magnifique. Je sais qu’avec le temps, la confiance et la compréhension du jeu de ses coéquipiers, il sera capable de reproduire ce genre de gestes de classe.


On ne vous connait pas très bien outre-manche, même si l’on sait que vous avez gagné en France. Quelle est votre philosophie de jeu ? Quels sont vos principes ?

Je pense que dans notre métier, il y a deux grands types de personnes : les idéologues et les pragmatiques. Les premiers ont un style propre, une façon de voir le jeu et ils veulent absolument que leur équipe, quel que soit le niveau des joueurs, jouent comme ils voient le foot. Les pragmatiques sont ceux qui s’adaptent à l’adversaire, qui cherchent à le contrecarrer. Je suis de ceux-là. Je sais que je suis attendu au tournant, alors plutôt qu’accabler des joueurs qui ont pour beaucoup une grosse expérience (ndlr : beaucoup des joueurs les plus utilisés sont trentenaires et ont de nombreuses sélections dans leur pays), je préfère travailler personnellement pour les mettre dans les meilleurs dispositions pour qu’ils puissent s’exprimer, même si cela signifie donner des consignes de jeux différentes à chaque match. Le football est un sport qui se joue à 22, or, je n’ai d’influence que sur 11 personnes. Pour moi, les « jusqu’au boutistes » qui font comme-ci l’adversaire n’existait pas en voulant imposer leur style à l’adversaire sont des fous : il faut avoir conscience de l’adversaire, de ses forces et de ses faiblesses, pour pouvoir le battre. Je sais que ce n’est pas une vision du jeu très répandue à l’heure actuelle, que l’on préfère se dire proche de Bielsa ou Pep Guardiola que de José Mourinho ou Fabio Capello. J’en prends acte, mais je suis comme ça. J’ai été élevé à la victoire par des équipes qui jouaient « mal » comme on le dit en ce moment (France 98 par exemple, Italie et France 2006 etc.) et tout homme est le produit de son éducation. J’aimerai proposer un football comme le fait Zeman, mais ce n’est pas mon genre, c’est plus fort que moi.


Cela signifie que vous êtes prêts à dire clairement à vos supporters que l’équipe ne prendra pas le jeu à son compte ? Que nous ne verrons pas de spectacle à Old Trafford ?

Pas nécessairement. Je ne pense pas que nous jouions un jeu dégueulasse depuis le début de la saison. Objectivement, Rooney, Giggs, Gerrard, Berbatov, Ronaldinho dans le futur… Il y a de quoi voir de beaux gestes et être satisfait d’avoir acheté un billet pour venir au stade, nous en avons même déjà vu : Gerrard, en ce début de saison, retrouve une seconde jeunesse et nous montre tout son talent. Mais en même temps, faites une enquête : si quelques matchs mauvais au niveau du jeu nous permettent de décrocher le titre, vous pensez que les supporters cracheront dessus ? Sincèrement, je ne pense pas. Si une équipe nettement supérieure à la nôtre se présente face à nous et qu’il faut garer un autobus rouge devant notre surface, alors nous le ferons. « Moi j’ai les mains sales, je les ai plongé dans la merde et le sang » disait Sartre. S’il faut que l’équipe se salisse les mains, elle le fera.


D’une certaine manière, vous aussi, vous êtes un « jusqu’au boutiste », non ?

Haha. Ma foi, peut-être bien. Je vous laisse le soin de me juger comme vous le voulez. Mais si nous allons au bout, vous serez le premier heureux, n’est-ce pas ?

Ryan Giggs a été élu meilleur joueur de tous les temps de Manchester United par les supporters. Il est le symbole de l’équipe de ces vingt dernières années et véritable symbole de l’ère Ferguson qui l’a recruté personnellement. En effet, dans son enfance, le joueur est formé à l’école de football de Manchester City, mais Sir Alex se déplace chez lui le jour de ses 14 ans pour le convaincre de rejoindre United, chose qu’il fera. Il débute avec l’équipe pro à 17 ans en 1990 et devient international gallois la même année. Il marque son premier but l’année suivante lors du derby de Manchester pour une victoire 1 à 0 et totalise 909 matchs pour United à la fin de la saison 2011 – 2012 avec 163 buts marqués. Il est en outre officier de l’Ordre de l’Empire Britannique pour service rendu au football, ce qui lui confère le titre de « Sir », au même titre qu’Alex Ferguson ou Bobby Charlton.

Au début de sa carrière, le joueur est un ailier gauche, très vif, rapide et technique qui est capable de perforer les défenses et d’ajuster les gardiens adverses grâce à une patte gauche fantastique. Il sera très rapidement considéré comme un cadre par Ferguson, pour finir par devenir l’un de ses « lieutenants », à l’instar de Gary Neville ou Paul Scholes. Son style caractéristique en fait l’un des joueurs les plus talentueux d’Europe, salué par tous ses collègues prestigieux, de Del Piero à Zidane, qui voient en lui le meilleur joueur de sa génération.
Malheureusement, le fait d’être né gallois l’écarte de toutes les grandes compétitions internationales. En effet, né gallois, petit pays ayant une équipe nationale souvent très faible, il ne jouera aucune grande compétition et ne pourra donc jamais obtenir de titre majeur lui permettant de marquer l’Histoire du football international. Beaucoup pense que, s’il avait été Anglais, l’Angleterre aurait pu prétendre remporter une Coupe du Monde entre 1998 et 2006 en comptant sur lui pour mener une équipe aux côtés de Steven Gerrard.